Thursday, July 14, 2011

la sexualité chez les ados



Autrefois, il fallait, selon les us et les coutumes, attendre la nuit des noces pour avoir ses premières relations sexuelles. Aujourd’hui, au XXIe siècle, cette conception n’est plus la même. Si la sexualité est encore un sujet tabou au sein de certaines familles, elle ne l'est plus parmi les jeunes.

Encore immatures et inconscients des dangers et autres contraintes que cela constitue, ils franchissent ce cap sans état d'âme... pour connaître cette sensation ou pour faire comme les autres. On ne sait sur qui rejeter la faute : les parents, les autorités ou la modernisation ?

L’insouciance qui ternit l’image mauricienne
Comme partout ailleurs, la sexualité est devenue, chez nous, le sujet préféré des ados. Si l’âge autorisé pour avoir ses premières relations sexuelles est à 16 ans, certains petits Mauriciens ne patientent plus, avides de connaître cette sensation dès leur jeune âge.

Selon les autorités concernées, 109 et 126 jeunes en dessous de 16 ans ont eu des rapports sexuels dévoilés au grand jour en 2009 et 2010 respectivement. Reste à savoir le nombre de cas qui sont toujours dans l’ombre. Même si certaines personnes préfèrent se montrer indifférentes face à ce chiffre croissant, elles ne peuvent l’être toutefois face à une jeune fille de 14 ans qui tient le rôle principal dans un clip pornographique posté sur Facebook par son ex-petit copain, ou une mère qui oblige sa fille de 12 ans à se prostituer pour subvenir aux besoins familiaux.

Aussi, il faut noter que ce phénomène devient de plus en plus dégradant et ternit l’image de notre société. Cela, en raison de divers problèmes qui viennent s’y ajouter. L’année dernière, Le Défi Quotidien avait annoncé qu’une mère avait mortellement agressé sa fille pour avoir eu des relations sexuelles avec un homme de 23 ans. Avait-elle raison ou tort ? Une question qui reste subjective... Car, en dépit de tous les changements phénoménaux de notre vie, il reste encore cette minorité qui conserve des valeurs morales.

Mais aussi, la question incontournable à ce fait existant serait de comprendre ce changement d'attitude chez les jeunes concernant le sexe. On croirait presque que très peu d’entre eux parlent d’amour à ce jour et que le but ultime d'une relation c’est de goûter au plaisir de sexe. Quelle en est la cause ?

Le psychologue Sadasiven Coopoosamy, qui travaille avec beaucoup d’enfants, connaît bien la perception des jeunes sur le sexe. Selon les témoignages qu’il reçoit dans son cabinet, « le garçon revendique son droit d’avoir des relations sexuelles avant le mariage pour assurer une bonne performance sexuelle lors de celui-ci, et quant à la fille, elle ne pense plus à sa virginité, elle n’en voit pas l’utilité puisqu’il est fort probable que son époux aura déjà fait ses 400 coups avant la lune de miel. C'est la mentalité et le raisonnement de la majorité des ados à ce jour », ajoute-t-il.

De graves conséquences

De plus, Sadasiven Coopoosamy explique qu’avoir des relations en dessous de 16 ans est devenu presque inévitable à ce jour. Tous les facteurs sont réunis pour les inciter à emboîter ce pas. Les littératures érotiques et pornographiques, les publicités, les musiques aux paroles démesurées sont à leur portée. Il ajoute avec incompréhension que certains parents font l’amour sous le regard de leurs enfants, ce qui, sans aucun doute un manque de respect et un acte irresponsable.

En effet, au mois de mai, une fillette de 13 ans a allégué aux autorités que sa mère se prostituait devant elle à leur domicile, et quand les clients étaient en attente, ils la tripotaient. De même, cette dernière a relaté qu’elle a une vie sexuellement active avec son petit ami. Le psychologue poursuit que dans des cas précis comme celui-ci, la présence de la drogue et de l’alcool ne peut qu’aggraver la situation.

Monique Dinan, fondatrice de Mouvement d’Aide à la Maternité (MAM), est catégorique : les jeunes d’aujourd’hui pensent différemment et ce changement est dû au développement rapide de leurs corps. De ce fait, cela expliquerait leur hyperactivité pour le sexe.

Cette responsable, qui travaille dure aux côtés des jeunes, explique que ceux en dessous de 16 ans qui tentent l’expérience sexuelle doivent s’attendre à de graves conséquences. D'une part, ils manquent de maturité, et d'autre, ils ne savent pas les mesures à prendre pour contre-carrer les méfaits du sexe, notamment les maladies sexuellement transmissibles ou être enceinte prématurément, entre autres. « Les chiffres en disent long, l’année dernière près de 665 jeunes filles ont donné naissance à des bébés. Ce qui est quand même alarmant », affirme-t-elle.

Face à des situations pareilles, des associations, comme MAM et le ministère de l’Égalité des genres, et de la Famille, se voient obligées de travailler en collaboration avec les enseignants et les parents pour bien les éduquer sur ce problème.

Dans ce même contexte, MAM a lancé deux CD-ROMs en 2009 à l’intention des enfants pour les instruire sur les lois et les règles de l’amour. « Nous intervenons aussi dans des écoles primaires et secondaires pour parler aux ados des divers développements de leurs corps et des interprétations de leurs pulsions sexuelles », ajoute Monique Dinan.

Quant au ministère de l’Égalité des genres et de la Famille, il a organisé 11 groupes d'École des parents à travers l’île pour apporter les informations appropriées concernant le développement des enfants en général. De plus, « le ministère travaille en collaboration avec le ‘National Children’s Council and Brigade’ pour s’assurer que les étudiants vont bien à école, réduisant ainsi le risque qu’ils se laissent influencer », soutient un officier du ministère.

De plus, le ‘Community Child Protection Programme’ (CCPP) s’ajoute aux autres projets ministériels pour prévenir les cas d’abus sexuels envers ceux et celles âgés de moins de 16 ans. Les autorités travaillent ainsi avec les ados et les parents pour renforcer la relation existante entre les deux pour que les rôles soient bien entretenus des deux côtés.
Même si les associations et le ministère en font autant pour combattre ce fléau qui ternit l’image de Maurice, on se demande qui aura plus d'impact sur nos ados : les campagnes de prévention et de sensibilision ou les films pornos cachés dans leurs sacs.

PILS – Seule une éducation saine pourra résoudre ce problème
Pas de doute, nous vivons à l’ère du développement. Face au phénomène de sexualité auprès des jeunes, le plus important à ce jour n’est plus de chercher sur qui rejeter la faute, mais d’entamer des mesures efficaces. Tel est l’objectif de Prévention Information Lutte contre le Sida (PILS).

Selon Céline Momplé, porte-parole de PILS, « on ne doit pas essayer de comprendre pourquoi les jeunes veulent avoir des relations sexuelles avant leurs 16 ans vu qu’ils ne connaissent même pas l’âge légal dans la plupart des cas ». Elle explique que c’est là un fait inévitable, car nous vivons dans une société hypersexualisée, où la simple publicité de café ou de voiture a une connotation sexuelle, ou les films relatent constamment des histoires d’infidélités, de relations amoureuses et sexuelles.

Toutefois, suite à un rapport publié par l’UNESCO en 2009, ils ont démontré que l’éducation sexuelle a contribué à réduire la prise de risque de 53% des jeunes et qu’elle retarde même l’âge du premier rapport sexuel. C’est pour cela que PILS s’accroche à cette conviction.

« Nous croyons fortement qu’une éducation saine et de bonne qualité peut aider à réduire la désinformation, augmenter la connaissance, rendre plus solides les valeurs et accroître les capacités dans la vie courante », soutient la porte-parole.

Dans cette même optique, PILS élabore régulièrement des programmes de prévention dans les écoles sur les recommandations de l’ONUSIDA, qui leur permettent de comprendre les questions que les enfants se posent et leur vision de l’amour et de la sexualité.


Rajen Suntoo, sociologue : « Trop de liberté peut être dangereux »
> Le nombre d’adolescents ayant des rapports sexuels augmente. Qu’est-ce qui explique ce phénomène ?
C’est un phénomène existant dans tous les pays. Mais le côté alarmant de cette situation, c’est quand des ados sont mal informés. Ce qui donne lieu à des complications, comme attraper le VIH/Sida ou tomber enceinte. Nous constatons que ce problème touche majoritairement les novices venant de familles dites sans restriction.

> Que sous-entendez-vous par famille sans restriction ?

Ce sont des familles qui accordent trop de liberté à leurs enfants. Pas de restriction sur leurs sorties avec de petits copains de tous âges, des sorties nocturnes et des contacts sur Internet. Toute cette liberté donne la chance aux enfants de rencontrer des personnes du sexe opposé, souvent plus âgées qu’eux et les incite à avoir des rapports sexuels.

> Selon vous, qui fait que les jeunes ont des relations sexuelles très tôt ?
Il y a plusieurs facteurs qui peuvent expliquer cette tentation, comme les films, les clips pornos, les pubs, entre autres. Aussi, nous savons que tous, nous avons un rôle à jouer pour prévenir cela. Toutefois, les parents doivent servir d'exemples. S’ils assumaient leurs responsabilités comme il se doit, les enfants n’auraient pas accès à tous ces outils modernes qui les poussent à la tentation. Mais, ils n’ont pas le temps.

> Quels sont les outils efficaces pour contre-carrer ce fléau ?
On sait tous qu’une bonne éducation est essentielle, mais le plus important, c’est que la société civile aussi bien que les parents tiennent leur rôle pour donner le bon exemple...

L’hyper-activité sexuelle – Un développement qui fait mal à la société
Nous vivons dans une société en constante évolution à tous les niveaux. Si la mentalité des gens a beaucoup changé, le corps humain a aussi connu une évolution fulgurante. Selon les thèses logiques, autrefois les filles étaient réglées entre 14 et 16 ans, et aujourd’hui elles le sont à partir de 8 ans. Pareil pour les garçons qui connaissent la puberté plus tôt, entre 12 et 14 ans. Donc, les hormones se développent plus rapidement, provoquant ainsi cette hyper-activité chez les ados.

Toutefois, si le développement physique est précoce chez les adolescents, tel n’est pas le cas, au niveau psychologique. Ce qui expliquerait les cas exagérés de grossesse et de maladies sexuellement transmissibles. De surcroît, leur hyper-activité sexuelle laisse place à des actes irréfléchis.

Le mois dernier, un jeune homme de 17 ans a avoué aux autorités qu’il avait forcé sa petite sœur de 11 ans à avoir des relations sexuelles avec lui, tout simplement parce qu’il avait fantasmé sur ses seins.
Toujours le mois dernier, alors que les parents croyaient que leur fille de 15 ans avait été kidnappée, elle roucoulait dans les bras de son petit ami.

Cette fois-ci, une jeune fille de 12 ans se rend chez son petit ami, alors que ses parents pensent qu’elle était à l’église. Une fois elle est chez lui, ce dernier la force à assouvir ses pulsions sexuelles alors qu’elle n’est pas consentante.
Plus loin, une fille de 12 ans tente l'exploit, elle fait l’amour sur une plage avec trois hommes. Entre autres, il s’agissait de son copain de 18 ans, et de deux habitants de son village âgés de 23 ans et 21 ans.

Des "exploits" comme ceux-ci en choquent plus d’un, et c’est le prix à payer pour la curiosité de l’homme à toujours et toujours vouloir connaître de nouvelles sensations.

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