Tuesday, February 8, 2011

Fabulations des enfants: Petits mensonges, grandes conséquences

La vérité sort toujours de la bouche des enfants ! Ce n’est pas l’enseignant de l’établissement du Sud, accusé d’attouchements sexuels par plusieurs de ses élèves, qui va confirmer ce dicton. Certes, les parents des enfants ont, tour à tour, retiré leurs plaintes à la police. N’empêche que, pendant plusieurs jours, la réputation de l’enseignant a été entachée. On imagine son calvaire…

Ce n’est pas le seul cas. Trois mois plus tôt, un enseignant a été blanchi en Cour. Lui aussi était accusé d’attouchements sur un élève. Il lui a fallu six ans pour que sa réputation soit rétablie ! Si elle l’a réellement été ! Ce sont des cas qui ont fait l’actualité. Mais il y en a tant d’autres, qui n’ont pas eu de conséquences aussi fâcheuses, au point où la police y a été mêlée. Mais, à cause de petits mensonges sortant de la bouche des enfants, combien de proches se sont querellés ? Combien de voisins se sont disputés ?

Cela nous amène à nous interroger sur la capacité des enfants à monter une histoire de toutes pièces. Si les parents refusent bien souvent d’admettre que leur enfant est un fabulateur, il est grand temps qu’ils regardent la réalité en face. Et cela, dans l’intérêt même de l’enfant. Tel est l’avertissement que donnent les enseignants aux parents.

« Les enquêtes, dans ces deux cas, ont révélé que les enfants avaient inventé ces histoires d’attouchements. Mais, dans un cas, l’affaire a duré six ans. Pendant toutes ces années, cet enseignant a été suspendu de ses fonctions, sans compter que sa réputation a été ternie. Il a dû subir toutes sortes de remarques. Qui va le dédommager pour tout cela ? » demande un autre enseignant.

Il avoue qu’il ne parvient plus à faire son travail en toute sérénité. Car, ajoute-t-il, il vit en permanence avec la crainte de subir le même sort que son collègue suite à une fausse accusation d’un de ses élèves. Une crainte que beaucoup d’enseignants partagent, explique Vinod Seegum, président de la Government Teachers Union (GTU). Il va même jusqu’à dire que ce phénomène ne cesse de prendre de l’ampleur dans les établissements scolaires. Ce qui est en train de faire beaucoup de mal au corps enseignant. « De nos jours, il suffit qu’un enfant déteste son prof pour qu’il fasse toutes sortes d’allégations contre lui. Le plus grave, c’est que, souvent, les parents eux-mêmes les encouragent à mentir pour toutes sortes de raisons. Cela est révoltant !», tonne le syndicaliste.

Il donne comme exemple le cas de cet enseignant que haïssaient les parents d’un de ses élèves. Ils avaient alors eu l’idée de pousser leur enfant à alléguer que ce prof était alcoolique. L’enfant avait même allégué que l’enseignant buvait durant les heures de classe. «On se rendra finalement compte, après enquête, que cet enseignant est loin d’être alcoolique. Pis, le prof en question n’a jamais pris une goutte d’alcool. On réalisera que ce sont les parents qui étaient derrière cette fabulation», relate-t-il.

Appel aux PTA

Il lance de ce fait un appel aux dirigeants des associations de parents d’enfants (Parent Teachers Association – PTA) pour qu’ils assument leurs responsabilités. « Leur rôle n’est pas uniquement de signaler qu’il y a une vitre cassée dans une classe. Ils ont également un rôle social. Ils doivent sensibiliser les parents sur la tendance des enfants à fabuler. Je pense même que les dirigeants de ces associations ont eux aussi besoin d’une formation pour mieux assumer leur rôle. Car, au lieu de s’attaquer à ces problèmes sociaux dans les écoles, ils passent leur temps à jouer aux députés dans leur localité», martèle le président de la GTU.

Enfin, Vinod Seegum est d’avis que ce problème prend une de l’ampleur dans les institutions scolaires parce que certains élèves, même au primaire, sont de fortes têtes, qui ne veulent écouter personne. Ils vont salir la réputation du prof dès que ce dernier va tenter de les discipliner. «En sus du fait que la punition corporelle n’est plus permise dans les écoles, une circulaire du ministère de l’Éducation en janvier dernier met en garde contre l’agression verbale. Ce qui pousse l’enseignant à être très prudent même lorsqu’il réprimande un élève. Car on ignore quel genre de réprimande peut être considéré comme une agression verbale. Comment faire régner la discipline chez les enfants dans de telles conditions ? » se demande Vinod Seegum.

Ashik Junglee, président de la General Purpose Teachers Union, est lui aussi d’avis que la fabulation, chez les écoliers devient monnaie courante. Le syndicaliste, également porte-parole des conseillers en pédagogie, soutient que la situation est alarmante. « Nous notons qu’il y a de plus en plus d’enfants qui ont des problèmes de comportement à l’école aussi bien qu’à la maison. Malheureusement, les parents n’arrivent plus à les rappeler à l’ordre et encore moins à maintenir la discipline. De plus, ils prennent toujours ce que leur disent leurs enfants pour paroles d’Évangile alors que ces derniers mentent souvent », soutient-il.

Le syndicaliste cite un exemple qui selon lui, devient très courant. C’est celui de l’enfant qui fait croire à ses parents que son prof s’est montré très agressif à son égard. Au lieu de prendre la version de l’enseignant et lui demander des explications, dit-il, les parents débarquent à l’école pour l’insulter, voire le menacer. L’enseignant ne peut même plus hausser le ton avec l’enfant qui se plaint auprès de ses parents. Ces derniers accourent alors à l’école pour faire de l’esclandre.

Malheureusement, dit-il, la plupart des parents se laissent mener par le bout du nez par leurs enfants. Il constate que de nombreux parents fuient leurs responsabilités parce qu’ils ont d’autres priorités. Ils ont alors tendance à négliger leurs enfants. Le président de la General Purpose Teachers Union évoque le cas d’un élève du primaire qui avait accusé son prof de punition corporelle. L’enquête menée sur cet incident a finalement révélé que l’enfant s’était plutôt battu avec ses amis et avait reçu des coups. Il avait porté le blâme sur son prof afin de ne pas être réprimandé par ses parents.

Une école des parents

Le syndicaliste souligne d’autre part que les enfants sont très avertis sur la sexualité de nos jours, contrairement à ce que croient leurs parents. C’est ce qui explique, dit-il, les fabulations à portée sexuelle que font certains élèves, dont les allégations d’attouchements contre leurs profs. Il évoque même le cas de cet écolier des basses Plaines Wilhems qui avait en sa possession un magazine pornographique. Pressé de questions par son prof, il devait avouer que ce magazine appartenait à ses parents. Convoqués à l’école, ces derniers auront pour priorité de récupérer leur magazine. Ce qui a beaucoup étonné les enseignants qui s’attendaient plutôt à ce qu’ils réprimandent leur enfant pour avoir volé ce magazine ! Ashik Junglee est d’avis qu’il est grand temps d’avoir une école des parents pour leur apprendre à élever correctement leurs enfants.

Le mensonge, un mode de vie ?

Christina (prénom fictif) est enseignante dans une école confessionnelle depuis neuf ans. Elle constate que le mensonge est devenu un mode de vie au sein de la société actuelle. Si les parents mentent, leurs enfants vont automatiquement en faire de même. Et ce, en pensant que c’est une habitude normale de mentir. Pour elle, les enfants sont de fins psychologues qui observent toujours les réactions et le comportement des adultes. « Nous n’en sommes pas toujours conscients. Mais les enfants sont toujours en train d’observer les adultes. Ils savent ainsi comment ces derniers vont réagir dans des circonstances précises. C’est ce qui les pousse donc à mentir par exemple pour ne pas se faire gronder lorsqu’ils font des bêtises », explique la jeune enseignante. Elle évoque les fabulations d’un enfant de six ans dans sa classe qui l’ont beaucoup marquée. L’enfant lui avait fait croire qu’il était issu d’une famille très pauvre. «Il m’avait dit que, chez lui, il n’y avait souvent rien à manger. Qu’il n’y avait ni savon, ni dentifrice. J’ai eu tellement pitié de lui que je lui ai offert de la nourriture et du yaourt à plusieurs reprises », dit-elle. Mais, un beau jour, il a commis une gaffe. Il a dit que son père lui avait offert un blouson. « J’ai commencé à me poser des questions. J’ai alors questionné la maman, ce que je n’ai pas fait avant pour ne pas l’embarrasser, pour savoir si vraiment ils étaient pauvres. Elle était tout étonnée. Elle m’a appris qu’ils ne vivent pas dans l’extrême pauvreté et que c’est son fils qui est trop glouton. En fait, il faisait toujours croire qu’il n’y avait rien à manger chez lui parce qu’il voulait toujours manger plus. Il est obsédé par la nourriture. C’est fou la façon dont je me suis laissée manipuler par un enfant de six ans ! Je n’en reviens toujours pas », avoue l’enseignante.

Dr Véronique Wan Hok Chee, psychologue clinicienne: « L’enfant peut être un fin manipulateur »

> Qu’est-ce qui explique cette tendance chez l’enfant à fabuler ?

Tout enfant a capacité de monter une histoire de toutes pièces. Il le fait souvent, soit pour plaire aux autres, soit pour se donner de l’importance. Ou encore pour attirer l’attention des autres. L’enfant fabulateur croit souvent être le centre du monde. Ce qui est inquiétant, c’est la façon dont les parents ont tendance à tolérer ces fabulations de la part de leur enfant. Ils le font bien souvent parce qu’ils ont d’autres soucis et d’autres priorités. Ils ferment alors les yeux sur tout ce que fait leur enfant. Ils passent sur ses caprices et ne le rappellent pas à l’ordre lorsqu’il ment. Je note que les parents sont moins sévères et les enfants plus exigeants aujourd’hui. Mais, il ne faut pas occulter le fait que l’enfant peut être un fin manipulateur. Il peut inventer n’importe quoi dans son intérêt. Les parents doivent donc être plus vigilants et plus sévères.

> Le fait de fabuler de la sorte durant l’enfance, cela peut-il avoir un impact sur sa vie d’adulte ?

Absolument ! Un enfant qui a passé son enfance à inventer des histoires finira très probablement par devenir mythomane à l’âge adulte. Il ment tout le temps et à tout le monde. Ce qui est une grave pathologie du comportement. J’insiste donc sur le fait que les parents doivent rappeler à l’ordre l’enfant fabulateur le plus tôt possible. Cela, afin que mentir ne devienne pas, chez lui, une seconde nature lorsqu’il deviendra adulte. Car, il lui faudra toujours mentir pour couvrir un autre mensonge, comme un effet de chaîne.

> Comment savoir si un enfant invente une histoire ou dit la vérité ?

Cela n’est, je le concède, guère évident. Car il faut avoir plusieurs sessions de travail avec l’enfant, gagner sa confiance, percer son intimité et analyser son comportement pour le savoir. En fait, c’est une enquête approfondie que nous menons pour déterminer si l’enfant est en train de fabuler ou pas.

> Quel cas de fabulation chez l’enfant vous a le plus frappée jusqu’ici en tant que psychologue clinicienne ?

Il s’agit de celui d’une fille de sept ans qui faisait croire qu’elle allait se suicider. En fait, elle a inventé cela en se basant sur ce qu’elle a entendu sur sa mère. Cette dernière s’était effectivement suicidée. La fillette faisait donc croire à ses amis de classe qu’elle allait mettre fin à ses jours en se jetant dans le vide. Cela a suscité une véritable panique à l’école car tout le monde croyait qu’elle allait le faire alors qu’elle n’avait que sept ans ! Après un long interrogatoire, j’ai finalement su que c’était, en fait, une fille pleine d’énergie qui n’a aucune tendance suicidaire. Sauf qu’elle est jalouse de sa belle-mère et qu’elle est persuadée que son père ne l’aime pas. D’où cette histoire de suicide qu’elle a inventée.

> Quels sont vos conseils aux parents ?

Je tiens à souligner qu’être parent, ce n’est pas donné à tout le monde. Encore faut-il savoir jouer son rôle de parent. Je constate que de nombreux parents fuient actuellement leurs responsabilités. Il est grand temps qu’ils se ressaisissent pour mieux exercer leur autorité sur leurs enfants.

Vivre avec des crocodiles!

Estelle est la maman de Dylan, 9 ans. Elle s’inquiète, elle aussi, de la tendance chez certains des amis de son fils à fabuler. «Un de ses amis a raconté qu’il a embrassé une autre fille de la classe sur la bouche. Toutefois, une petite enquête du prof de la classe a finalement révélé que cet enfant avait tout inventé. Un autre ami de mon fils avait fait croire qu’il était déjà parti en France alors que tel n’a jamais été le cas. Il a agi ainsi tout simplement pour faire croire aux autres que tout comme Dylan, il a lui aussi visité la France. Une autre fille lui a raconté qu’elle a passé un long moment en compagnie de crocodiles au Casela ! Ce Je trouve ces comportements inquiétants ! D’autant que j’ignore si mon fils a lui aussi tendance à inventer des histoires à l’école. J’espère que non ! » lance Estelle, la mine inquiète.

Lutchmeecant Soopal, président d’une PTA: « Les parents doivent devenir plus responsables »

Il est le président de la PTA de l’école primaire Sir Veerasamy Ringadoo de Quatres-Bornes. Il confirme les dires des enseignants à l’effet que les parents sont trop tolérants envers leurs enfants. Selon lui, il n’y a qu’une minorité de parents qui tentent au moins de prendre la version d’un enseignant pointé du doigt par l’enfant.

« La majorité des parents croient tout ce que leur disent leurs enfants. Pourtant, ces derniers mentent souvent pour se tirer d’affaire ou tout simplement pour se venger. Ils sont nombreux par exemple à le faire lorsque leur prof les réprimande. Ils vont alors inventer toutes sortes d’histoires contre l’enseignant. Les parents doivent donc devenir plus responsables. Ils doivent au moins avoir la version de l’enseignant pour savoir ce qui s’est passé exactement. Ils doivent cesser de donner raison aveuglément à leurs enfants », souligne-t-il.
Par ailleurs, Lutchmeecant Soopal se dit en faveur de la punition corporelle dans les écoles. Afin, dit-il, que les enfants indisciplinés ne prennent pas la classe en otage. Pour lui, il est important que le prof maintienne la discipline dans sa classe. D’autant que, souvent, il a au moins quarante élèves à sa charge.

« Il faut éduquer les parents sur la façon dont ils doivent élever leurs enfants. Il faut aussi qu’il y ait une bonne entente entre enseignants, responsables de l’école et les parents. Ce qui permettra de mieux répertorier les enfants fabulateurs qui pourront alors être référés au social worker du ministère de l’Education et à un psychologue pour un suivi », insiste-t-il.

Le Flight Clearance Office obtient la norme ISO 9001 : 2008 – Ashit Gungah : « La complaisance au niveau de la sécurité peut être catastrophique»

La mise en place d’un système de gestion de qualité a permis au Flight Clearance Office du département de l’aviation civile d’obtenir la norme MS ISO 9001 : 2008.

Le certificat a été remis au directeur de ce département, lundi, par le ministre de la Fonction publique, Ashit Gungah. Selon le ministre Gungah, il y a souvent de nombreuses personnes qui ont une lourde tâche mais qui l’accomplissent derrière les rideaux. Cela, dit-il, il faut le reconnaître.

«L’équipe du Flight Clearance Office a une très haute responsabilité. Elle s’occupe, non seulement de la sécurité des passagers, mais également de celle du public», a souligné Ashit Gungah qui ajoute, d’ailleurs, qu’il faut désormais penser en termes de niveau international. Pour lui, petit à petit, tous les ministères et départements de la Fonction publique seront appelés à atteindre ces normes internationales.

La certification ISO au Flight Clearance Office, estime le ministre de la Fonction publique, peut être considérée comme une reconnaissance que ce département opère selon les niveaux de gestion internationale. Et de poursuivre : «Un espace aérien sécurisé est un aspect très important pour le développement durable des divers piliers de l’économie, principalement l’industrie touristique, le secteur des TICs, celui des services financiers et également le commerce.»

D’ailleurs, le ministre Gungah dit attendre que le rôle important du département de l’aviation civile dans le développement du pays se poursuive à l’avenir. Dans le même sens, il insiste sur le fait que la complaisance au niveau de la sécurité peut être catastrophique, non seulement en termes de pertes de vies, mais aussi pour la sécurité nationale.

Par ailleurs, le ministre Ashit Gungah a saisi l’occasion pour rappeler que, depuis sa nomination comme ministre, il a exprimé son souhait de transformer la Fonction publique en un ‘smarter civil service’. Ce qui veut dire, rappelle-t-il, placer les clients au cœur de chaque action, être créatif et être prêt à prendre des risques calculés, être flexible et s’adapter aux nouveaux défis, entre autres.

En conclusion, le ministre de la Fonction publique a affirmé qu’il est certain qu’avec le certificat ISO, le Flight Clearance Office sera en meilleure position d’atteindre sa vision, notamment d’être reconnu comme le meilleur régulateur de l’aviation civile et le meilleur pourvoyeur de services de navigation aérienne de la région.